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Eruption du Grimsvotn en 2011

Réveil du volcan Barðarbunga en août 2014

Réveil du volcan Bardarbunga

--> BREAKING NEWS - 19 août 2014

Depuis quelques jours, l'activité sismique s'intensifie sous le Vatnajokull, le plus grand glacier d'Europe situé dans le sud-est de l'Islande. Sa calotte glaciaire recouvre plusieurs volcans dont le Grimsvötn qui est entré en éruption en mai 2011. Cette fois, il semblerait que ce soit son voisin, le Barðarbunga qui se réveille après un siècle de sommeil. Sa dernière éruption remonte à 1910. Plus de 3500 séismes ont été enregistrés depuis ce samedi 16 août à 3h00 du matin.


Bárðarbunga est le deuxième sommet d'Islande. Il culmine à 2009 mètres d'altitude. C'est également le plus vaste complexe volcanique de l'île avec ses 190 km de long sur 25 km de large. La glace qui recouvre le sommet du volcan atteind 800 mètres d'épaisseur. Il est isolé de tout et se trouve à 225 km de Reykjavík à vol d'oiseau.


localisation des séismes depuis 48 heures
l'intensité et la fréquence des séismes suggèrent une éruption prochaine


Pour l'instant, l'éruption n'a pas démarré mais il y a de fortes indications d'intrusion magmatique dans le système volcanique du Barðarbunga. L'essaim sismique indique la migration du magma dans des dykesintrusion de magma dans une fissure de l'écorce terrestre. Deux veines ont été détectées. L'une à l'est de la caldera du Bardarbunga et l'autre à l'est du Mont Kistufell en bordure du glacier Dyngjujökull. D'après les mesures du jour, le magma se trouve entre 3 et 7 kilomètres de profondeur.


localisation des séismes depuis 48 heures


Si la lave atteind la surface, on peut s'attendre à une éruption sous-glaciaire explosive avec émission d'un panache de vapeur mélé de cendre pulvérisée lors du contact de la lave avec la glace. L'éruption sous-glaciaire du Eyjafjallajokull au printemps 2010 est encore dans toutes les mémoires et la menace d'un nuage de cendre qui paralyserait le trafic aérien européen en cette fin d'été n'est pas à exclure. L'affaire est donc suivie de près.


Le 21 juillet, un énorme glissement de terrain a eu lieu dans la région. Huit cent mètres de montagne se sont détachés du flanc sud-est de la caldera de l'Askja pour s'effondrer dans le lac Oskjuvatn provoquant une gigantesque vague de 20-30 mètres qui a traversé le lac pour atteindre Viti, le petit cratère d'explosion rempli d'eau chaude où les randonneurs aiment se baigner. Ce tsunami a balayé les rives du lac et inondé le plateau sur près de 400 mètres. Il n'y a heureusement pas eu de victime vu que l'événement s'est déroulé vers minuit mais l'accès à l'Askja a été interdit par les autorités pour raison de sécurité. C'est l'un des plus importants éboulements répertoriés depuis la colonisation de l'Islande. Plus d'infos sur le site de l'IMO.


localisation des séismes depuis 48 heures
source : nat.is


La zone est inhabitée mais la menace d'éruption perturbe les projets de voyage dans la région de l'Askja, du Herdubreid et de Kverkfjöll. Depuis le 17 août, la piste Gaesavatnaleid (F910 sud) est fermée de Herdubreid à Dyngjuhals. A cause du risque d'inondation, la route F88 qui mène à Herdubreid est également fermée. L'interdiction concerne les véhicules, les cyclistes et les randonneurs. En effet, en cas d'éruption, la glace fondue et les débris de roche déferleront par la rivière Jokulsà à Fjollum. Notez que c'est la rivière qui alimente la cascade Dettifoss.


Une vidéo postée par le Morgunbladid sur youtube explique comment prononcer "Barðarbunga" correctement. Phonétiquement, ça donne à peu près ça : baur-dar-boun-ka en roulant les R.
Le volcan fut ainsi nommé d'après le nom d'un viking norvégien qui immigra en Islande au Moyen-Age, Bárður Bjarnason, surnommé plus tard Gnúpa-Bárður.





En fin d'après-midi, les autorités locales ont décrété l'état d'alerte. La zone au nord du Vatnajokull a été fermée jusqu'à la route circulaire n° 1. Voir la carte. L'évacuation de toute la zone située au nord du Dyngjujökull est en cours. Il y a environ 200 touristes dans la région ainsi que le personnel des refuges et campings. L'évacuation concerne le Vatnajokull National Park qui inclut l'Askja, Herdubreidarlindir, Hvannalindir et Kverkfjoll cités précédemment. Les fermiers ont également décidé de rassembler leurs moutons et chevaux qui déambulent en toute liberté l'été.


--> Mercredi 20 août 2014

L'activité volcanique sous le Bardarbunga se poursuit. L'intensité et la fréquence des secousses restent constantes. Il y a encore eu deux séismes de magnitude 3.0 sur l'échelle de Richter aujourd'hui (étoile verte sur le graphique de l'IMO). Les épicentres semblent se concentrer de plus en plus et se rapprocher de la surface. Mais les webcams ne montrent rien pour l'instant. Ciel bleu et temps dégagé sur le glacier.


séismes Barbarbunga 20 aout 2014


Bref, on attend de voir ce qui va se passer. C'est le moment de faire quelques rappels géologiques de base.


Le magma, c'est de la roche en fusion. On ne parle de lave que lorsque le magma perce l'écorce terrestre et s'épanche en surface. Selon sa teneur en silice, le magma est plus ou moins visqueux. Très visqueux si il contient beaucoup de silice et plus fluide si la silice est minoritaire. Il renferme également des gaz, ce sont eux qui entraînent le magma vers la surface (eau, dioxyde de carbone, dioxyde de soufre, etc...).


Si la lave est visqueuse, les gaz ont plus de mal à s'échapper et le font de manière explosive. Si la lave est fluide, les gaz s'expulsent plus facilement et forment des fontaines de lave (Stromboli et éruptions hawaiennes). Les choses se compliquent quand la lave émerge sous une calotte de glace. Nous y reviendrons plus loin.


La croûte terrestre est composée d'une douzaine de plaques tectoniques, des zones rigides qui flottent et dérivent sur le manteau terrestre au gré des mouvements et courants de convection qui agitent le magma autour du noyau terrestre. A certains endroits, ces plaques se rencontrent. Si elles ont la même densité, elles entrent en collision, se plissent et forment les chaînes de montagne. C'est ce qui s'est passé il y a des millions d'années avec les Alpes et l'Himalaya.


Si une plaque continentale rencontre une plaque océanique, cette dernière, plus dense et plus lourde, glisse sous la plaque continentale et s'enfonce dans le manteau. C'est ce qu'on appelle les zones de subduction. A une certaine profondeur, les roches de la plaque océanique se liquéfient sous l'effet de la chaleur du manteau. Plus on se rapproche du noyau plus la température s'élève. Cet apport de matière engendre des volcans explosifs car le magma ainsi créé est très visqueux et renferme beaucoup de gaz. C'est le cas des volcans de la ceinture de feu du Pacifique (Japon, Kamchatka, Cordillère des Andes, Indonésie).


Comme les plaques ont une surface fixe, si elles se rencontrent à certains endroits, c'est qu'elles se séparent à d'autres. C'est le cas de l'Islande située à cheval sur les plaques nord-américaine et eurasienne (Europe+Asie). Elle s'écartent l'une de l'autre à la vitesse moyenne de 2 cm par an. Cet écartement crée des fissures dans l'écorce terrestre où le magma à dominance basaltique s'injecte et on assiste à la formation de dorsales telle la dorsale (ou rift) médio-atlantique.


Bref, les éruptions en Islande sont plutôt de type fissural avec un apport de lave venue des profondeurs de la terre. Seulement, les choses ne sont pas si simples. La teneur en silice et en gaz dépend aussi des roches traversées lorsque le magma se fraie un chemin vers la surface. Il peut mobiliser d'anciennes roches refroidies et se charger de silice. Si le magma reste longtemps dans la chambre magmatique, la silice se décante et s'accumule dans le fond. On peut donc avoir un début d'éruption de type fissural avec fontaines de lave suivi d'une phase plus explosive. Si la partie la plus visqueuse n'est pas sortie faute de gaz pour la propulser en surface, elle se refroidit et se solidifie mais pourra être reliquéfiée lors d'une éruption ultérieure.


Quels sont les risques actuellement avec le Bardarbunga?

Soit le magma ne fait que s'infiltrer dans l'appareil volcanique, ce qui se traduit par ces secousses incessantes depuis 5 jours maintenant et le gonflement du volcan observé depuis des années. S'il ne se dirige pas vers la surface, l'éruption n'aura pas lieu. L'épisode sismique peut cesser du jour au lendemain et le calme revenir. Malgré tout, l'augmentation d'activité volcanique souterraine peut faire fondre la glace qui recouvre le volcan et provoquer une débâcle cataclysmique appelée jokulhlaup en Islande. C'est pourquoi toute la région au nord du volcan a été évacuée.


Soit la lave atteind la surface et entre en contact avec la calotte de glace qui recouvre le Bardarbunga et on peut s'attendre à des explosions phréato-magmatiquesréaction brutale due à la rencontre du magma avec l'eau ou la glace violentes jusqu'à ce que toute l'épaisseur de la glace soit percée ou que le volcan se calme. Cela dépendra évidemment du point de sortie de la lave. De toute façon, il y aura alors d'énormes panaches de vapeur mélés de gaz et de cendres pulvérisées accompagnés de jokulhlaups. La glace fondue et les débris de roches entraînés par la débâcle s'engouffreront dans le lit de la rivière Jokulsà à Fjollum, débordant sur ses rives et inondant le désert intérieur. Cette course ne s'arrêtera que dans l'océan Atlantique.


En conclusion, même si la nature humaine est friande de sensations fortes, souhaitons que le volcan se calme bien vite sans entraîner de dégâts. Concernant la zone fermée au public, elle a été évacuée avec succès cette nuit. Les équipes de secours continuent de chercher d'éventuels randonneurs ignorant la situation et l'ordre d'évacuation. Notez que la partie au nord de la route n°1 est encore ouverte au public. Elle inclut les sites touristiques très populaires telle que la chute de Dettifoss, le canyon d'Asbyrgi, le parc de Jokulsargljufur et Hljodaklettar.


Bæring Gunnar Steinþórsson, un programmeur islandais, a modélisé en 3D l'activité sismique sous le Bardarbunga. Grâce aux enregistrements donnant la profondeur, la magnitude et les coordonnées GPS de chaque secousse, il a pu programmer un graphique tridimensionnel mis à jour toutes les minutes. Visiter son site pour suivre la progression de l'activité.


graphique 3D de l'activité sismique du Barbarbunga
graphique 3D des secousses des dernières 48 heures

Les séismes les plus superficiels enregistrés aujourd'hui sont situés à 1100 m de profondeur.


graphique 3D de l'activité sismique du Barbarbunga
Map by Gunnar B. Gušmundsson, Icelandic Meteorological Office


Le graphique publié sur le site de l'IMO montre la localisation des secousses les 4 premiers jours (bleu ciel pour samedi, bleu cyan pour dimanche, jaune pour lundi et orange pour mardi). On constate que l'intrusion située à l'est du Mont Kistufell en bordure du glacier Dyngjujökull a cessé tandis que celle située à l'est de la caldera du Bardarbunga continue de migrer vers le nord-est. C'est encore plus visible sur l'animation créée par hjalli sur viméo.


L'Institut des Sciences de la Terre a déterminé un modèle basé sur l'épicentre des secousses et les déformations de l'écorce terrestre mesurées par les stations GPS placées au voisinage du Bardarbunga. D'après leurs calculs, le dykeintrusion de magma dans une fissure de l'écorce terrestre ferait 20 km de long, 2,1 km de hauteur, 1,6 m d'ouverture (pas étonnant qu'une faille si étroite génère tant de friction), se situerait à 3 km de profondeur et son volume représenterait 80 à 90 millions de mètres cube.


--> Jeudi 21 août 2014

L'activité sismique se poursuit toujours avec la même intensité. Hier, on a compté 4 secousses supérieures ou égales à 3 sur l'échelle de Richter. De même aujourd'hui, les sismographes en ont enregistré 4 à l'heure où j'écris. La plus violente a atteint une magnitude de 4 ce qui représente une puissance 10 fois supérieure au 3 de cette échelle exponentielle. L'épicentre se situe au bord de la caldera du Bardarbunga. D'après les scientifiques, cela n'indique nullement l'imminence d'une éruption mais plutôt un relâchement de la pression occasionné par la migration du magma en profondeur.


séismes Barbarbunga 21 aout 2014


activité sismique du Barbarbunga le 21 août


L'intrusion de magma sous le Dyngjujokull, entre Bardarbunga et Kverkfjoll, est toujours la plus active mais elle a cessé sa progression vers le nord-est. Depuis 3 jours, l'hypocentre des séismes est stationnaire. Ils ne migrent plus ni latéralement ni verticalement ce qui fait penser à la formation d'une poche de magma et à l'élargissement du dyke. Les secousses prouvent que le magma continue d'affluer à cet endroit situé à quelques kilomètres de la surface.


activité sismique du Barbarbunga le 21 août
Résumé de la localisation des séismes depuis 6 jours d'activité


Hier, l'avion de l'Icelandic Coast Guard a survolé le glacier pendant plus de 6 heures avec des scientifiques à son bord. Ils ont collecté de nombreuses informations grâce au radar et détecteurs thermiques dont l'appareil est équipé. A leur retour, le géophysicien Magnus Tumi Gudmundsson a déclaré qu'il n'y avait aucun changement visible à la surface du glacier. Ils n'ont noté ni fonte de glace ni apparition de crevasses ni affaissement. Il n'exclut pas une éruption mais elle n'est pas imminente.


Si l'éruption a lieu, il ne faudra qu'une heure à la glace fondue pour surgir du front du glacier, 4 heures et demi pour atteindre l'oasis d'Herdubreidarlindir, 7 heures pour la route circulaire n°1 et 9 heures pour arriver à Asbyrgi. Si la lave sort sous le glacier Dyngjujökull, il lui faudra plus de 24 heures pour percer la couche de glace et encore plus de temps et de puissance si l'éruption a lieu dans la caldera qui est recouverte par 800 m de glace.


Une réunion a eu lieu ce midi à Husavik entre la protection civile, les habitants de la région et les équipes de secours pour informer et se préparer à toute éventualité. L'administration des routes a examiné où creuser des brèches dans la route circulaire n°1 pour dévier le flux de la crue et soulager la pression sur les 3 ponts qui emjambent la Jokulsà à Fjollum. En effet, il est bien plus facile de reconstruire un tronçon de route que de refaire un pont. Cette technique est bien rodée et a déjà permis de sauver un pont lors de l'éruption du Eyjafjallajokull en 2010.


--> Vendredi 22 août 2014

On note peu de changement depuis hier à part quelques tremblements de terre supérieurs à 3 sur l'échelle de Richter. Le plus violent depuis le début de l'activité sismique a eu lieu cette nuit peu avant minuit avec une magnitude de 4,7. Il a même été détecté par les sismographes américains. Tous sont localisés au bord de la caldera du Bardarbunga mais à des profondeurs de 4 à 9 km.


L'IMO les interprête comme des changements de pression dans la chambre magmatique du Bardarbunga dûs à la migration du magma vers le dyke en formation sous le glacier Dyngjujokull. Il semblerait que la caldera soit occupée à s'effondrer. C'est ce qui arrive quand une chambre magmatique se vide et c'est d'ailleurs ainsi que se forment les caldeiras. Il est toujours impossible de dire si l'éruption aura lieu ou non. Les volcans sont capricieux et imprévisibles.


activité sismique du Barbarbunga le 21 août

activité sismique du Barbarbunga le 21 août

--> Suivre l'évolution de l'activité sismique sur la page 2


Eruption du Grimsvotn en 2011 - Réveil du volcan Baršarbunga en août 2014 - Réveil du volcan Bardarbunga
 

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